Billet d'humeur

Au delà des réformes mises en place ou envisagées, il me semble important de discuter sur le fond car les réformes ne sont que la forme. Je reste sur le sujet qui nous intéresse tout particulièrement, l'avenir de l'école. Cependant je ne peux m'empêcher de le situer dans son contexte. Xavier DARCOS fait parti du gouvernement dirigé par "un super président" qui veut tout contrôler. Il impose à ses ministres sa vision du monde et son ministre de l'éducation nationale la retranscrit dans "l'évolution" qu'il envisage de l'Ecole.

Cette vision du monde est la suivante: Si l'individu veut s'en sortir, il doit le faire tout seul. Sinon tant pis...

C'est la part belle à l'individualisme. Mais l'individualisme à outrance risque d'emmener la société tout droit dans le mur. Pourquoi continuer à respecter mon voisin s'il est mon concurrent dans la vie de tous les jours (travail, école...) ?

L'approche de l'évolution de la personne par le "mérite", souvent plébiscité par Le Président, entraîne une autre vision qui est dangereuse et fausse: Si tu n'y arrives pas, c'est de ta faute.

C'est cette pente la que prendra l'éducation nationale si toutes les réformes de Darcos aboutissent.

Les jardins d'éveil vont entraîner par la suite la suppression des maternelles. Si tes parents ne sont pas cultivés, s'ils ne parlent pas bien le français, ne savent pas lire, n'ont pas les moyens de te faire découvrir ta région, n'achètent pas de jeux éducatifs ou s'ils ne t'inscrivent pas dans les jardins d'éveil car ils n'ont pas les moyens: Eh bien ce sera de ta faute si tu n'arrives pas à suivre le CP.

Les programmes scolaires de plus en plus chargés avec moins de temps pour les réaliser et des rythmes non adaptés, sauf pour celui qui est accompagné à la maison et qui a un bon niveau, vont contribuer à creuser les écarts entre les élèves. L'Ecole doit être pour tous et permettre de progresser, de prendre "l'ascenseur social". Mais là, l'ascenseur ne va pas dans le bon sens sauf pour l'élite.

Certains me dirons, comme le ministre le dit lui même: "il y a les Aides Personnalisées pour ceux qui sont en difficulté". Ces aides pourront peut-être permettre à un élève de raccrocher le wagon s'il rencontre des  difficultées passagères. Mais pour les difficultées plus importantes, il faut espérer pour cet enfant que ses parents aient de l'argent pour qu'il soit accompagné puisque les RASED sont amenés à disparaître. Malgré l'annonce du gouvernement de supprimer pour la rentrée "seulement" 1500 postes, il faut rester lucide: dans une logique purement comptable, comme le fait le gouvernement, le reste des RASED devrait suivre mais pas tout de suite car l'opinion publique s'est mobilisée.

Cette logique comptable se retrouve également dans les suppressions de poste (13 500 annoncé pour la rentrée de 2009). N.Sarkozy a dit "il n'y aura pas de suppression de postes pour le lycée" mais il n'est pas revenu sur le chiffre de 13 500. Alors combien d'élèves par classe au collège et en primaire pour la rentrée 2009 ? Les économies de poste auront une répercussion sur le taux d'encadrement qui bien sur ne sera pas le même partout. En plus d'avoir des programmes plus chargés, il y aura le nombre d'enfants par classe qui sera plus élevé.

La suppression des postes aura également une incidence sur les associations extra-scolaire et les projets académiques où des enseignants étaient mis à disposition (UNSS, ...). Effectivement le gouvernement veut mettre un terme à ses postes là.

La logique comptable va être une catastrophe pour l'école de la République.

Ce qui peut être appliqué dans l'industrie, peut-il l'être dans l'éducation? Je pense que non. Les enseignants ne sont pas là pour faire du chiffre, du rendement. Ils ne sont pas là pour gérer un parc automobile ou tout autre chose. Ils sont là pour transmettre un savoir, des connaissances, des méthodes. Ils participent activement à l'éducation sociale de nos enfants. Ils inculquent des savoirs être (politesse, respect, estime de soi...). La culture du chiffre que le gouvernement veut appliquer à l'Ecole est impossible car si dans l'automobile une voiture plus une voiture font deux voitures, lorsque l'on parle de Personne, une Personne plus une Personne ne font pas deux personnes pour la simple et bonne raison que chaque Personne est différente. Si l'on pense que tous les enfants sont identiques nous aurions à faire à des clones. Les difficultés de l'un ne sont pas celle de l'autre. Le gouvernement parle de ratio quand les parents et les enseignants parlent d'Enfant.

Le fichage des élèves et la multiplication des évaluations font aussi partis de la logique de mise en concurrence. A l'entrée au collège, le jeune sera fichié avec "Base élève" dans lequel sera mentionné ses résultats. Il sera stigmatisé selon ses notes. Le collège souhaitant maintenir ses résultats ne prendra pas le jeune dont le dossier pourrait laisser supposer des difficultés à venir. A ce sujet, petit rappel, il y a seulement quelques années, la question du signalement des enfants "difficiles" dès la petite enfance, avait fait polimique. Maintenant, c'est proposé de façon insidieuse, à partir de l'école élémentaire, par le biais de "Base élèves".

Demain, nous pourrons parler au passé de NOTRE ECOLE PUBLIQUE, LAÏQUE ET GRATUITE car elle aura disparue et son idéologie avec.

Le futur de nos enfants ressemblera-t-il à la vie de_Enzo ?

L.D

Comments

[alexandra]

bonjour,les parents d'élèves de Malijai viennent de se réunir pour essayer de coordonner des actions contre les réformes .L'année dernière,nous avions commencé l'action,maintenant nous aimerions constituer un collectif.Comment faire?Merci.

[jip]

Bonjour,

Je constate, après quelques consultations du blog, que la démarche d'explication est claire, précise et accessible au plus grand nombre, ce qui est remarquable: FELICITATIONS, et ça motive pour continuer l'action, également par cette forme;